Dos de l'estampe
     

Une estampe originale de Toshikata (1866 - 1908)
Nom de famille : Mizuno

Série : Images de brocart pour l'enseignement de la morale
Cette série comprend 6 volumes (sous-séries)

Dans le cartouche rose : titre de la série et numéro de volume.
Dans le cartouche rouge : numéro de l'estampe dans le volume.

Date du tirage : 1883-1884

Editeur : Matsuki Heikichi, maison d'édition Daikokuya

Tirage très frais : grain du bois visible sur le mur gris indiquant qu'il s'agit d'une des premières épreuves tirée après la gravure des bois.

Etat : Couleurs et trait de contour parfaits. Un manque au coin supérieur droit et dans la marge inférieure, un trou de vers au bord supérieur ayant entamé le papier sur 3 cm , un trou de vers dans la marge droite, une ride sur 6 cm près du cartouche de titre. Bon état général.

Format oban : 35,3 cm x 23,7 cm (UK235)

La série
Cette série en 6 volumes (sous-séries) a été publiée en 1883 et 1884. Cette publication a été faite dans le contexte de la rénovation du système éducatif dans lequel l'enseignement de la morale avait une place prépondérante. (voir détail du contexte en-dessous).
Ces estampes devaient enrichir l'enseignement de la morale en complétant les textes et guides édités par le ministère de l'éducation. Les enseignants de l'école élémentaire pouvaient s'en servir pour illustrer leurs cours. Mais elles étaient également en vente libre dans un but d'édification générale de la population.
Il s'agissait avant tout de remédier à une mauvaise influence de la morale occidentale qui avait été précédemment la référence officielle (voir détail ci-dessous). Pour cette raison, les images mettent en scène des épisodes édifiants de l'histoire japonaise, de l'antiquité à l'époque contemporaine. Les personnages historiques représentés sont des modèles de comportement caractéristiques d'une moralité sans faille. Certaines estampes présentent des animaux pour illustrer des traits de personnalité humains dans leurs aspects les plus vertueux.
Les artistes sollicités pour dessiner cette série sont des élèves de Yoshitoshi : Toshikata, Toshichika, Toshimine, Toshitsune et Toshimitsu.

Contexte de la publication
Contexte général
Ces estampes ont été publiées pendant l'ère Meiji (1868-1912).
L'ère Meiji est la période de l'ouverture au monde, de la modernisation du pays et de la restauration du pouvoir de l'empereur. En recherche de légitimité face à une population bousculée par la fin subite du Japon féodal, le gouvernement s'attache à promouvoir les valeurs traditionnelles du Japon. Ces valeurs sont fédératrices et constituent les racines communes dans lesquelles chacun puise le courage d'affronter la modernité.


Rénovation du système éducatif
Vers 1870, le gouvernement japonais lance un programme de modernisation incluant la création d'un nouveau système éducatif basé sur les modèles occidentaux. En 1872, un décret sur l'Éducation (Gakusei) établit un système d'enseignement obligatoire. Il met en exergue la déclaration suivante "Nous nous réjouissons de l'époque où il n'y aura plus d'analphabétisme dans le moindre village, et plus d'analphabètes dans la moindre maison." Un enseignement de la morale utilisant des préceptes et références tirés de sources japonaises, chinoises et occidentales est une composante importante du dispositif.
L'enseignement de la morale était appelé Shushin, qui signifie littéralement "l'auto-discipline". Ce mot avait été choisi dans l'un des textes classiques du confucianisme. Dans les premiers jours de l'ère Meiji, il n'y avait pas de programme imposé ni de manuels. Il était laissé à l'imagination de chaque enseignant la façon de traiter ce sujet.
En 1879, la plupart des "sources occidentales" sont retirées du programme d'enseignement moral du fait du décret impérial sur l'éducation (kyogaku Taishi). Dans ce décret, l'Empereur " déplore l'affaiblissement général de la moralité publique à cause de l 'influence de l'occident ". Il faut revenir à l'esprit traditionnel, et l'enseignement de la morale passe en tête des matières à enseigner en priorité dans les écoles élémentaires.
Les enseignants sont encouragés à prôner une discipline stricte en relation avec les concepts moraux confucianistes appliqués dans le Japon traditionnel. " Shushin " devient un sujet d'études au niveau des instances nationales qui débouchent sur la publication de guides et manuels destinés aux professeurs et directeurs d'écoles.
Ce décret a été annulé en 1948.

Cette série en six volumes, produit en 1883 et 1884, a probablement trouvé une utilisation en salle de classe pour l'enseignement Shushin. Le décret impérial de 1890 sur l'éducation (Kyoiku chokugo) réintroduit l'enseignement des concepts occidentaux et met au clair les piliers de la morale soutenues par l'Etat japonais comme le shintoïsme, le confucianisme et une éthique politique et sociale moderne. Celle-ci comprend le respect de la Constitution, l'observation des lois et un appel aux citoyens a s'impliquer courageusement en cas d'atteinte à l'Etat.

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Toshikata MIZUNO 1866-1908 Nom d'artiste : Toshikata

Toshikata est un artiste actif dans le dernier quart du 19ème siècle. Il a été formé par Yoshitoshi le dessinateur d'estampes le plus brillant de l'époque Meiji puis chez un peintre de céramiques et chez deux praticiens de la peinture traditionnelle.
Toshikata a vécu pendant la période où les artistes de l'estampe étaient moins demandés. Dans cette période de transition, il a néanmoins fait carrière comme illustrateur, peintre et dessinateur d'estampes, spécialisé dans les portraits de " belles femmes " (bijin-ga) et les scènes de genre. En 1887, il reprend le poste d'illustrateur que tenait Yoshitoshi, son maître, au journal Yamato Shinbun. La guerre sino-japonaise de 1894-1895 provoque un retour à la production massive d'estampes. Toshikata participe à ce mouvement et ses estampes sont parmi les meilleures.
Après 1900, Toshikata est devenu un peintre et un illustrateur reconnu. Comme beaucoup d'artistes depuis le 17ème siècle, il a dessiné des estampes érotiques, genre toujours en vogue quelque soit la période.
Il est aussi devenu le professeur de Kaburagi Kiyokata, Ikeda Shoen et Ikeda Terukata.
(Rappelons que Kaburagi Kiyokata a formé Hasui Kawase et Shiro Kasamatsu, deux des plus grands artistes du Shin-Hanga - voir leurs estampes ainsi que leurs biographies sur ce site).
     
           

         
           
         
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
           
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