Une
estampe d'HIROSHIGE (1797-1858)
Titre : Tsuji-ura (L'enveloppe contenant une prédiction)
Hiroshige et les femmes
Hiroshige est le spécialiste du paysage mais il a représenté
des sujets féminins à diverses périodes de
sa carrière. Il dessine des femmes dans ses premières
estampes vers 1820 tout à fait dans le style de l'école
Utagawa et notamment celui de l'artiste Eizan. Après 1830,
il passe au paysage sur lequel il va se concentrer pendant l'ère
Tempo (1830-1844). Dans les dernières années de
la décennie 1840, il revient vers les femmes mais sur fond
de paysage accordant à chaque thème (paysage, femmes)
une part égale dans l'estampe.
Cette estampe éventail a été publiée
en 1853. Il s'agit d'une de ses rares estampes d'Hiroshige centrée
sur une représentation féminine.
D'après les historiens de l'art, cette femme est probablement
une courtisane des quartiers de plaisir de Shinagawa ou de Shinjuku.
Elle ouvre un tsuji-ura (enveloppe de papier contenant une prédiction)
avec son épingle à cheveux.
Les estampes éventail
Les estampes de cette forme étaient destinées à
décorer des éventails. Etant faites pour être
utilisées, collées sur les éventails, et
non pas pour être conservées, il en reste actuellement
très peu en circulation. La plupart des estampes éventail
que l'on trouve dans les collections privées ou les musées
ont été montées en album par les commerçants
qui en faisaient la vente comme des catalogues de motifs à
montrer aux clients. D'autres ont été récupérées
directement sur les éventails qu'elles ont ornés
quand ils étaient en bon état. La plupart des estampes
dessinées au début du genre représentaient
des courtisanes ou des comédiens. Au 19ème siècle,
les sujets devinrent plus variés en même temps les
éventails devinrent plus grands. La forme de ces estampes
constituait un nouveau challenge pour les dessinateurs qu'ils
ont dépassé brillamment.
Réédition ancienne (1950) avec des bois regravés
Editeur : Adachi (Voir plus bas)
Au dos de l'estampe :
- le sceau de l'éditeur ADACHI en caractère hiragana
- le mention "Hanken shoju" (signifiant "copyright")
Date de la première publication : 1853
Etat : Une ride près du bord droit de l'estampe.
Très bon état général.
Format oban : 34,3 cm x 24,8 cm (UK232)
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aux estampes Ukiyo-e en vente
Le savoir-faire de l'éditeur ADACHI
La maison Adachi, dont le nom officiel est " l'Institut
Adachi de la gravure sur bois ", est spécialisée
dans les rééditions d'estampe japonaises Ukiyo-e depuis
1925. Adachi est un des éditeurs les plus renommés du
20ème siècle. Ses estampes sont réalisées
avec un niveau de qualité extrême : respect des couleurs
et restitution parfaite des détails grâce à un travail
admirable de gravure et d'impression.
Les estampes d'Adachi portent toujours son sceau sur le verso.
Les rééditions de Toyohisa Adachi reproduisent
quelquefois un exemplaire original unique, les autres ayant disparus.
D'autres éditeurs en ont fait aussi leur spécialité
comme Enji Takamizawa et Shozaburo Watanabe.
Voici quelques exemples de l'utilisation des rééditions
de ces grands éditeurs par les auteurs spécialistes de
l'Ukiyo-e :
James A. Michener (spécialiste et possesseur d'une
des plus belles collections du monde) se sert d'une estampe de Kuniyoshi
réalisée par Adachi comme exemple dans " the floating
world " car " aucun exemplaire de cette estampe tragique n'était
accessible aux U.S.A. "
Dans l'article de Richard Lane, le plus grand spécialiste de
l'estampe japonaise, au sujet d'une estampe d'Hiroshige (Kambara) dans
le livre de Jack Hillier
" Essays on Japanese Art " en 1982, il est dit : " le
travail récent des 2 chefs de file dans la rééditions
d'estampes Ukiyo-e, messieurs Adachi et Takamizawa, présente
de façon surprenante un intérêt pour notre étude
des originaux ".
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Sceau Adachi
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Cette estampe est une réédition ancienne.
Les rééditions sont réalisées
avec les méthodes traditionnelles chez des éditeurs qui
sont à la fois des érudits et des artistes.
Le modèle n'est pas, dans ce cas, le dessin de l'artiste mais un
tirage original d'époque. Un graveur a gravé les blocs de
bois : un bloc de bois pour le trait de contour puis un par couleur. Le
travail de gravure est effectué trait pour trait.
Ensuite, un imprimeur a encré le bloc gravé portant le motif
de la couleur à poser la première. Il a imprimé le
papier végétal de façon traditionnelle par application
de la feuille sur le bloc encré et frottage au baren (tampon fait
de lamelles de bambou) sur le dos de la feuille pour faire pénétrer
l'encre dans les fibres. Il a répété cette action
autant de fois qu'il y a de couleurs en pratiquant ainsi de la teinte
la plus sombre à la teinte la plus claire.
Ces estampes ont l'avantage d'être identiques aux originaux qui
peuvent valoir actuellement plusieurs milliers d'euros.
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