Une estampe originale
de Toshikata (1866 - 1908)
Nom de famille : Mizuno
Titre : Réception d'un envoyé
Série : Images de brocart pour l'enseignement de la morale
Cette série comprend 6 volumes (sous-séries)
En haut : numéro du volume
Dans le cartouche rouge : numéro de l'estampe dans le volume.
Date du tirage : 1833-1884
Editeur : Matsuki Heikichi, maison d'édition
Daikokuya
Tirage très frais : grain du bois visible
surtout dans le tiers inférieur indiquant qu'il s'agit
d'une des premières épreuves tirée après
la gravure des bois.
Etat : doublée avec une feuille imprimée ancienne.
Excellent état général.
Format oban : 34,7 cm x 23 cm (HK80)
La série
Cette série en 6 volumes (sous-séries) a été
publiée en 1833 et 1884. Cette publication a été
faite dans le contexte de la rénovation du système
éducatif dans lequel l'enseignement de la morale avait
une place prépondérante. (voir détail du
contexte en-dessous).
Ces estampes devaient enrichir l'enseignement de la morale en
complétant les textes et guides édités par
le ministère de l'éducation. Les enseignants de
l'école élémentaire pouvaient s'en servir
pour illustrer leurs cours. Mais elles étaient également
en vente libre dans un but d'édification générale
de la population.
Il s'agissait avant tout de remédier à une mauvaise
influence de la morale occidentale qui avait été
précédemment la référence officielle
(voir détail ci-dessous). Pour cette raison, les images
mettent en scène des épisodes édifiants de
l'histoire japonaise, de l'antiquité à l'époque
contemporaine. Les personnages historiques représentés
sont des modèles de comportement caractéristiques
d'une moralité sans faille. Certaines estampes présentent
des animaux pour illustrer des traits de personnalité humains
dans leurs aspects les plus vertueux.
Les artistes sollicités pour dessiner cette série
sont des élèves de Yoshitoshi : Toshikata, Toshichika,
Toshimine, Toshitsune et Toshimitsu.
Contexte de la publication
Contexte général
Ces estampes ont été publiées
pendant l'ère Meiji (1868-1912).
L'ère Meiji est la période de l'ouverture au monde,
de la modernisation du pays et de la restauration du pouvoir de
l'empereur. En recherche de légitimité face à
une population bousculée par la fin subite du Japon féodal,
le gouvernement s'attache à promouvoir les valeurs traditionnelles
du Japon. Ces valeurs sont fédératrices et constituent
les racines communes dans lesquelles chacun puise le courage d'affronter
la modernité.
Rénovation du système éducatif
Vers 1870, le gouvernement japonais lance un programme de modernisation
incluant la création d'un nouveau système éducatif
basé sur les modèles occidentaux. En 1872, un décret
sur l'Éducation (Gakusei) établit un système
d'enseignement obligatoire. Il met en exergue la déclaration
suivante "Nous nous réjouissons de l'époque
où il n'y aura plus d'analphabétisme dans le moindre
village, et plus d'analphabètes dans la moindre maison."
Un enseignement de la morale utilisant des préceptes et
références tirés de sources japonaises, chinoises
et occidentales est une composante importante du dispositif.
L'enseignement de la morale était appelé Shushin,
qui signifie littéralement "l'auto-discipline".
Ce mot avait été choisi dans l'un des textes classiques
du confucianisme. Dans les premiers jours de l'ère Meiji,
il n'y avait pas de programme imposé ni de manuels. Il
était laissé à l'imagination de chaque enseignant
la façon de traiter ce sujet.
En 1879, la plupart des "sources occidentales" sont
retirées du programme d'enseignement moral du fait du décret
impérial sur l'éducation (kyogaku Taishi). Dans
ce décret, l'Empereur " déplore l'affaiblissement
général de la moralité publique à
cause de l 'influence de l'occident ". Il faut revenir à
l'esprit traditionnel, et l'enseignement de la morale passe en
tête des matières à enseigner en priorité
dans les écoles élémentaires.
Les enseignants sont encouragés à prôner une
discipline stricte en relation avec les concepts moraux confucianistes
appliqués dans le Japon traditionnel. " Shushin "
devient un sujet d'études au niveau des instances nationales
qui débouchent sur la publication de guides et manuels
destinés aux professeurs et directeurs d'écoles.
Ce décret a été annulé en 1948.
Cette série en six volumes, produit en 1883
et 1884, a probablement trouvé une utilisation en salle
de classe pour l'enseignement Shushin. Le décret impérial
de 1890 sur l'éducation (Kyoiku chokugo) réintroduit
l'enseignement des concepts occidentaux et met au clair les piliers
de la morale soutenues par l'Etat japonais comme le shintoïsme,
le confucianisme et une éthique politique et sociale moderne.
Celle-ci comprend le respect de la Constitution, l'observation
des lois et un appel aux citoyens a s'impliquer courageusement
en cas d'atteinte à l'Etat.
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