Biographie
Goyo HASHIGUCHI est né en 1880 dans une riche famille de
samouraïs de la préfecture de Kagoshima. Son nom de
naissance est Hashiguchi Kiyoshi. Son père est peintre
et encourage son fils dans cette voie. Goyo commence par étudier
la peinture traditionnelle classique de l'école Kano. Puis
il se tourne vers l'apprentissage des techniques de représentation
occidentales en étudiant avec un peintre éminent
Kuroda Keichi.
Après
avoir été diplômé de l'école des
Beaux-arts de Tokyo en 1905, il travaille comme illustrateur
de livres. Il illustre ainsi et met en page
" Je suis un chat " de Natsume Soseki en 1905. Il se fait
connaître ainsi, se distingue et travaille ensuite avec d'autres
écrivains très connus de cette l'époque dont
Junichiro Tanizaki et Nagai Kafu.
En même temps, il ressent un intérêt grandissant
pour l'estampe japonaise traditionnelle Ukiyo-e. En 1911, il dessine
une affiche dans le style Ukiyo-e pour les grands magasins Mitsukoshi.
Cette affiche lui vaut un vrai succès populaire.
La
rencontre avec Watanabe
Ce travail couronné de succés pour Mitsukoshi le conduit
à étudier plus avant l'art de l'Ukiyo-e et à
rencontrer Watanabe Shozaburo, l'éditeur initiateur du mouvement
Shin-Hanga.
En 1915, Watanabe Shozaburo remarque le potentiel du jeune artiste.
Il a déjà embauché de nombreux graveurs et
imprimeurs très talentueux qui travaillent pour lui à
développer le Shin-Hanga. Mais il manque encore de dessinateurs
qui connaissent les techniques de représentation à
l'occidentale. Goyo lui paraît très prometteur.
Watanabe lui demande de dessiner une estampe espérant pouvoir
établir avec lui un partenariat durable. Goyo dessine
" Le bain " en 1915, une estampe où Goyo
dévoile tout son talent. (voir bas de la page)
Goyo découvre alors le travail du dessinateur d'estampe mais
il n'apprécie pas la façon très directive
dont l'éditeur contrôle la réalisation des
estampes. Au grand dam de Watanabe, il fait cesser leur collaboration
après la première estampe.
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Beauté
se poudrant 1920
Edition Tanseisha
Gaufrage, fond micacé, rehauts de poudre d'or
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En
1916 et 1917, il supervise la réalisation d'un livre illustré
de reproductions d'uvres de grands artistes en 12 volumes
qui s'intitule
" Estampes japonaises ". Il se familiarise à
cette occasion avec les techniques de la gravure des bois et de
l'impression.
L'uvre
de Goyo HASHIGUCHI
Les estampes originales de Goyo
Parallèlement à la reproduction d'oeuvres classiques,
Goyo dessine aussi à partir de modèles vivants.
En 1918, il trouve enfin le moyen d'exprimer son indépendance
d'esprit dans la création. Il embauche un graveur et un
imprimeur et devient éditeur de ses propres estampes et le
sera jusqu'à sa mort en 1921. Supervisant son graveur
et son imprimeur, il atteint un niveau de perfection extraordinaire.
Il produit entre 1918 et 1921 13 estampes dont 8 portraits de
femmes. Au total, il sera l'auteur de 14 estampes seulement
en comptant " Le bain " dessinée pour Watanabe.
Goyo emprunte ses motifs à l'Ukiyo-e, il n'est pas le seul
dans ce cas. Mais à la différence des autres artistes,
il édite lui-même ses estampes assurant ainsi le contrôle
sur son travail à tous les stades.
En
1921, il meurt prématurément à 41 ans d'une
méningite. Il supervise sa dernière estampe "
L'auberge des sources chaudes " depuis son lit avant de mourir.
Des
estampes posthumes
Après la mort de Goyo, son frère utilise des dessins
non encore exploités pour imprimer 10 nouvelles estampes.
L'impression de ces estampes a été supervisée
par son neveu Yasuo Hashiguchi. Elles sont réalisées
avec le même degré d'exigence que celles faites du
vivant de l'artiste. Elles seront éditées en nombre
limité.
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"La
nouvelle vague"
Le livre sur l'exposition sur la collection de Robert O. Muller
au musée Marmottan à Paris en 1994
De nombreuses estampes de Goyo sont reproduites
dans cet ouvrage.
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Collectionner
Goyo HASHIGUCHI
La
production de Goyo
Un nombre de motifs limité
Sa production, 14 estampes au total (dont 13 entre 1918 et 1921)
est extrêmement limitée, pour 2 raisons :
- Ses normes de gravure et d'impression sont très exigeantes.
- La réalisation de ses estampes est très onéreuse
à cause de leur qualité technique et des procédés
sophistiqués que Goyo utilise comme le fond micacé,
le gaufrage et les rehauts de poudre d'or
Un nombre d'exemplaires limité
Ces estampes sont éditées en très petit nombre,
en général moins de 80 exemplaires à cause
du coût de leur production. On sait qu'en dépit de
leur prix plus élevé ces éditions originales
se vendirent très rapidement lors de leur mise sur le marché.
Les
blocs utilisés pour la production de ces 14 estampes et la
plupart des estampes imprimées ont été détruits
dans le tremblement de terre de 1923.
A
cause de leur rareté et de leur beauté, les estampes
d'Hashiguchi Goyo sont donc parmi les pièces les plus
chères de l'estampe japonaise.
Voir
ci-contre : le prix de 2 estampes, tirages d'époque
Que
penser des estampes de Goyo proposées à la vente ?
Le collectionneur doit donc retenir que la plupart du temps, quand
il a à faire à une estampe de Goyo, il ne s'agit pas
d'une estampe imprimée entre 1918 et 1921 sous le contrôle
de l'artiste mais d'une uvre réalisée avec
des bois regravés très exactement similaires aux originaux.
Il s'agit donc d'une réédition, " fukkoku
" en japonais.
Les rééditions sont semblables trait pour trait aux
estampes originales et coûtent 20 fois moins cher.
Il faut être vigilant et comparer. Les marchands s'y perdent
eux-mêmes tellement estampes originales et rééditions
se ressemblent. Il faut examiner les sceaux présents dans
la marge.
Détail
des éditions originales
Editions originales, 24 estampes:
- 1 estampe chez Watanabe en 1915,
- 13 estampes publiées par Goyo lui-même de 1918 à
1921, date de sa mort, réalisées en petit nombre,
4 paysages, un kacho-e (oiseaux) et 8 bijin-ga (portraits de femmes).
(bois détruits en 1923, estampes rares et très chères)
-
10 dessins inexploités transformés en estampe
par son frère après sa mort, impression supervisée
par son neveu. (gravées en 1920 et publiées après
sa disparition).
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Les
prix de 2 tirages d'époque
Ces deux estampes de Goyo Hashiguchi ont été
exposées par la galerie The art of Japan à la
foire organisée par l'International Fine Print Dealers
Association (IFPDA) en novembre 2009 à New-York.
Pour information Beauté se poudrant (1920) était
proposée à 39 500$ et Jeune fille se coiffant
(1918) à 79 500$.
Les prix très élevés s'expliquent par
le fait que ces estampes ont été réalisées
sous le contrôle de Goyo lui-même.
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Triptyque
de Shunsho (1726-1792)
copié par Goyo
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Les
rééditions
Elles coutent 20 fois moins cher qu'une édition d'époque
et présentent les mêmes qualités techniques
que les tirages initiaux. Les graveurs et imprimeurs qui ont
collaboré à ces éditions sont tous identifiés.
Ce sont les plus réputés de leur époque.
1)
L'éditeur Tanseisha en 1981
En décembre1981, l'éditeur Tanseisha produit
une édition commémorative du 60ème anniversaire
de la mort de Goyo sous le contrôle de sa famille. 12
estampes sont éditées à 150 exemplaires
(soit 150 séries de 12 estampes).
Les
collectionneurs se sont arrachés cette édition
à sa sortie. Elle était d'une qualité largement
équivalente aux éditions originales avec l'utilisation
de techniques raffinées comme les fonds micacés,
les rehauts de pigments métalliques dorés ou le gaufrage.
NB : Le fond micacé est obtenu en broyant finement
du mica et en le saupoudrant sur le fond de l'estampe. L'effet
obtenu est nacré. Le mica est utilisé dans les
estampes japonaises haut de gamme.
2) L'éditeur Yuyu-do en 1989
L'éditeur
Yuyu-do fait réaliser en 1989 une nouvelle gravure et
impression des 12 estampes sous le contrôle de la famille
de Goyo. Cette édition, également commémorative,
est limitée à 150 exemplaires par motif.
Le grand artiste graveur Kentaro MAEDA effectue la gravure
des bois. Il avait travaillé dans les années 1940
à la gravure de bois des estampes de l'artiste français
Paul Jacoulet.
(Les estampes de Jacoulet gravées par Maeda ont été
exposées à Bibliothèque Nationale de France
à Paris, site François Mitterrand, en 2011.)
Yuyu-do a obtenu la même qualité extrême de
réalisation que Tanseisha en recrutant les meilleurs
imprimeurs capables de maitriser avec virtuosité la confection
des fonds micacés, des rehauts d'or et du gaufrage.
3)
L'éditeur Shoichiro Watanabe en 2010
Dans le courant de l'année 2010, Shoichiro Watanabe ,
le petit-fils de Shozaburo Watanabe, l'initiateur du Shin-Hanga,
a emprunté les bois gravés de "
Jeune fille se coiffant " dont Yuyu-do était le détenteur.
Ces bois avait été gravés par kentaro
Maeda.
Il a demandé à un des meilleurs imprimeurs actuels
au Japon de travailler à une réimpression de cette
estampe. Cet imprimeur est Shozaburo Horikawa, qui collabore
avec la maison Watanabe depuis plus de 50 ans.
Une nouvelle édition de "Jeune femme se poudrant"
est
sortie de son atelier à son tour en 2011. Les
éditions de ces 2 estampes sont limitées à
100 exemplaires et sont vendues sur ce site.
Un
autre aspect du talent de Goyo :
Goyo et la reproduction d'estampes Ukiyo-e des grands artistes
Une partie de l'uvre de Goyo est composée de copies
de chefs d'uvre classiques de l'âge d'or de l'Ukiyo-e.
Goyo a donné beaucoup de dessins d'estampes de grands artistes
du 18ème siècle comme Shuncho ou Kiyonaga.
Ces dessins sont des épreuves à partir desquelles
les graveurs sculptent les différents blocs de bois utilisés
pour l'impression.
Ces estampes très soignées se trouvent couramment
sur le marché à des prix tout à fait abordables.
Bettina
Vannier ©
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Jeune fille se coiffant 1920
Edition originale
Gaufrage et fond micacé
L'édition
Watanabe est à
vendre sur notre site
Le bain
1915
Editeur Watanabe
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